lundi 30 juin 2014

Peut-on sortir de la Sécurité Sociale ?

Il serait possible de ne plus cotiser à la Sécurité Sociale (et ainsi échapper à un braque organisé)



Quelle surprise d’apprendre dans la seconde partie de la dernière revue de presse de Pierre Jovanovic que nous pouvions ne plus cotiser à la sécurité sociale, et en ressortir financièrement gagnant ! 
L’info trop peu connue vient de Claude Reichman, homme politique français militant pour la fin du monopole (illégal) de la sécurité sociale, entre autres thèmes de prédilection.
Je vous présente ici ses déclarations contestées (textes à l’appui en fin d’article) par la sécurité sociale.

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Suivant les propos de Claude Reichman, les prélèvements obligatoires en France (et en Europe) à la sécurité sociale comme pour d’autres systèmes de cotisation imposée, seraient illégaux. 
En effet, au nom de l’Europe et surtout du traité transatlantique qui va nous être imposé à l’avenir (nous en revenons toujours à cela), tout ce qui peut empêcher le concept de concurrence est à proscrire, et il existe des organismes privés, plus avantageux financièrement, qui permettraient d’être couverts efficacement.  
Pourtant, la France entretiendrait le mythe du monopole auquel nous n’avons pas le choix, même à ce niveau là, "papy fait de la résistance" !
Pour ceux qui se demanderaient comment cela est possible, une brève explication s’impose:
La France a entièrement transposé dans le Droit français les directives européennes 92/49/CEE (loi n° 94-5 du 4 janvier 1994, loi n° 94-678 du 8 aout 1994, loi n° 2001-624 du 17 juillet 2001). Ces lois mettent les régimes de sécurité sociale maladie et retraite en concurrence avec les organismes d’assurance européens.
Cela veut dire que le monopole de la sécurité sociale française n’existe plus et que les français sont libres de s’assurer auprès des assureurs européens.
Suite au massacre fiscal et aux prélèvements sociaux insupportables, les citoyens français (indépendants et salariés) quittent en masse les régimes de sécurité sociale maladie et retraite. 
Ces lois européennes ont permis à des milliers d’entrepreneurs de sauver leur entreprise, leur famille, leur vie, en échappant à la pression fiscale française.
Bien sur, peu oseront sauter le pas, réaliser les démarches, ou ne se sentirons pas concernés puisque généralement, cette possibilité, c’est toujours "pour les autres". 
Que nenni, chacun pourrait quitter la sécurité sociale et échapper au braquage suivant Claude Reichman, il suffirait juste de se bouger :

Émission radio sur "Quitter le RSI" !

LA REVUE DE PRESSE DU MERCREDI 25 JUIN AVEC CLAUDE REICHMAN SUR "QUITTER LE RSI" 
 
 

du 26 au 30 juin 2014 : Plusieurs crises de fou rire (partie 1) lors de la Revue de Presse avant les vacances sur 95,2 Mhz RIM, avec l'interview (partie2) de Claude Reichman sur la manière de quitter le RSI et le scoop "juridique" qu'il nous a livré à propos de cette organisation... 
Le lien dont il parle, QLSS, est ici
Pour écouter/revoir l'émission, cliquez ici ou sur la photo (nouvelle fenêtre sur le site de la radio).


claude reichman pierre jovanovic

Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2014

lundi 23 juin 2014

Opinion et débat sur l'assurance maladie !

Ouvrons l'assurance maladie à la concurrence !

Opinions Aurélien Véron est convaincu que, en ce qui concerne l'assurance maladie, "comme dans l'aviation ou la téléphonie mobile, c'est la fin du monopole qui permet à une vieille structure bureaucratique de se moderniser". /DR
Aurélien Véron est convaincu que, en ce qui concerne l'assurance maladie, "comme dans l'aviation ou la téléphonie mobile, c'est la fin du monopole qui permet à une vieille structure bureaucratique de se moderniser". /DR
 
Aurélien Véron  
 
L'assurance santé en France est trop complexe et coûteuse. Il faut instaurer la concurrence, ce qui n'interdit pas un cadre destiné à maintenir l'universalité de la couverture santé. 
Par Aurélien Véron, Président du Parti Libéral Démocrate.

L'annonce d'un déficit supérieur aux prévisions, à 9,9 milliards, est devenue un rite annuel pour la sécurité sociale. Année après année, la dette sociale grossit pour atteindre près de 200 milliards d'euros à ce jour. 
Coupes, rabotages, chasse à la fraude, rien n'y fait. 
L'assurance maladie reste un trou sans fond qu'aucun gouvernement ne parvient à boucher. 
Notre système santé est l'un des plus coûteux dans les comparaisons internationales (au moins 7,2 milliards d'euros par an de plus que l'Allemagne, selon une analyse comparative de l'Institut Thomas Moore).
Les Français en ont pourtant de moins en moins pour leur argent. 
Les charges sociales de la branche maladie pèsent lourd, les remboursements sont de plus en plus faibles et le personnel médical et paramédical reste mal rémunéré. L'enjeu n'est pas simplement comptable.

L'assurance maladie n'apporte pas de plus-value au secteur de la santé !

Organisme actuellement sans tête, la compétence de l'assurance maladie se réduit à encaisser les cotisations et à payer les producteurs de soin sans apporter la moindre plus-value au secteur de la santé. 
Cet aspect inquiétant du monopole semi-nationalisé explique pour bonne part le déclin de notre système de soins. 
Le gouvernement se charge de négocier seul les conditions tarifaires avec les médecins, les établissements publics et privés et les groupes pharmaceutiques dans un esprit de planification d'un autre âge.
Or, la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût. 
Le secteur de la santé est une industrie qui pèse 12% du PIB et emploie 2,5 millions de personnes. 
Il est impensable qu'un pan aussi vaste de notre économie obéisse aux seules logiques clientélistes d'un ministre, de quelques conseillers et des représentants des corporations médicales et paramédicales.

La sécurité sociale ne se réformera pas d'elle-même !

Les différents modèles de santé qui nous entourent en Europe montrent qu'un bon système de santé repose sur une bonne architecture assurantielle. 
Construire et faire évoluer l'architecture d'un système de santé complexe constitue précisément la mission des mutuelles et assurances de santé. 
Or, la sécu ne se réformera pas d'elle-même. 
C'est pourquoi nous devons l'ouvrir à la concurrence.
Comme dans l'aviation ou la téléphonie mobile, c'est la fin du monopole qui permet à une vieille structure bureaucratique de se moderniser. 
L'émulation d'un secteur libre favorise l'innovation et une amélioration, au meilleur prix, des services au consommateur. 
Instaurer la concurrence n'interdit pas de fixer un cadre qui maintienne l'universalité actuelle de la couverture santé pour les soins lourds, les urgences et la maternité.

 

Des partenariats assureurs/acteurs de la santé seraient plus rationnels !

Nous devons distinguer l'assurance de la solidarité. Interdisons aux assureurs de sélectionner leurs assurés en fonction de leur état de santé ou de leurs antécédents. 
La seconde existe déjà, c'est la CMU financée par l'impôt.
Avec la concurrence d'assureurs de santé dignes de ce nom, disposant de managers qualifiés et d'outils modernes de pilotage de l'offre de soin, les acteurs de la santé se retrouveraient partenaires des assureurs par des accords bien plus rationnels que l'arbitraire d'Etat : passage du remboursement à l'acte à la capitation, système d'urgences bien plus agile et économe, meilleure articulation entre cliniques privées et hôpitaux publics, entre structures plus légères et médecine ambulatoire, suivi renforcé des médecins, de leur formation tout au long de leur carrière et de leurs protocoles de soin, tarifications bien plus fines, etc.

31% des Français prêts à opter pour une assurance privée !

Les Français sont de plus en plus nombreux à souhaiter une telle réforme. 
Pendant de nombreuses années, les 170.000 frontaliers avec la Suisse ont eu la possibilité de quitter la sécu pour choisir une assurance privée. 
Neuf sur dix ont fait ce choix tant la différence de prix était grande. 
L'année dernière, Marisol Touraine a supprimé arbitrairement ce régime au 1er juin 2014, suscitant de nombreuses manifestations et pétitions. 
Preuve supplémentaire de l'évolution des mentalités, un sondage de l'Ifop pour L'Opinion début avril indique que 31% des Français seraient prêts à opter pour une assurance privée. 
La santé des Français mérite l'ouverture de ce débat.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140617trib000835530/ouvrons-l-assurance-maladie-a-la-concurrence.html

vendredi 6 juin 2014

Non, la Sécurité sociale n’est pas devenue facultative !

 Non, la Sécurité sociale n’est pas devenue facultative !




 Affiche de promotion pour la Sécurité sociale


Adrien Renaud - Economiste de la santé et journaliste


Le monopole de la Sécurité sociale aurait été abrogé par Bruxelles. Carrément. 
Comme ceux de l’électricité ou des télécommunications.
Chacun serait désormais libre de s’assurer où bon lui semble. Et de ne plus payer ses cotisations à l’assurance maladie. Ni à l’assurance vieillesse. Ni la CSG, ni la CRDS.
C’est du moins ce que l’on peut lire depuis quelques semaines sous la plume de quelques militants persuadés d’avoir enfin anéanti un bastion du collectivisme.
  • Le 25 octobre, Contrepoints claironnait :  "Les Français ne le savent pas encore mais leur modèle soviétique a vécu."
  • Le 3 novembre, Atlantico publiait une tribune de Claude Reichman, président du Mouvement pour la libération de la protection sociale (MLPS), qui saluait un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) rendu le 3 octobre. Selon lui, il aurait mis fin à une intolérable « exception française ».
  • Le week-end dernier, c’était autour du Monde de dresser le portrait d’une dermatologue qui, étouffée par les charges, avait décider de quitter la Sécu.
  •  

Un "complot contre la loi française"

Le sujet est une vieille lune des cercles ultra-libéraux. 
Claude Reichman et son MLPS luttent depuis vingt ans pour l’abrogation du monopole de la Sécurité sociale. 
Le mouvement prétend attirer les foules et recevoir plus de 500 demandes d’information par mois.
Des sites comme Securitesociale.info ou Libreassurancemaladie.eu donnent des recettes pour se « libérer » de la Sécurité sociale. 
On trouve même sur le site de Reichman une lettre-type à envoyer à son employeur pour lui signifier sa décision de se désinscrire des assurances sociales. 
Et d’après ces prosélytes, une telle démarche serait conforme au droit européen.
En 1992, deux directives du Conseil (directive 92/49/CEE et directive 92/96/CEE) auraient, toujours selon eux, instauré la liberté d’assurance. 
La France ayant transposé ces textes dans le droit français en 2001, elle violerait depuis cette date son propre droit en maintenant le monopole de la Sécurité sociale.
Joint par téléphone, Reichman dénonce un "complot contre la loi française" et une "trahison de l’Etat de droit". 
Selon lui, « les énarques se sont ligués » pour dissimuler aux Français le fait qu’ils jouissent de la liberté de choisir leur assureur. La situation étant devenue intolérable, "il a fallu que la Cour [de justice de l’Union européenne, ndlr] se fâche". 
C’est ce qu’elle aurait fait le 3 octobre.

Un tout petit détail

Ne vous réjouissez pas trop vite, vous qui espérez économiser l’argent de vos cotisations. 
La direction de la sécurité sociale au ministère de la Santé nous le confirme :
"L’obligation d’affiliation aux régimes de Sécurité sociale français au titre d’une activité exercée en France est parfaitement conforme aux règles communautaires."
En effet, il y a un hic. Reichman et ses partisans font semblant d’oublier un détail : les directives de 1992, bases de leur raisonnement car censées donner à chacun la liberté de s’assurer où bon lui semble, excluent toutes deux de leur champ d’application "les assurances comprises dans un régime légal de sécurité sociale" (en se référant aux directives 73/239/CEE et 79/267/CEE).
Il est vrai que la législation européenne ne définit pas avec précision ce qu’est un régime légal de sécurité sociale. 
Mais la jurisprudence ne laisse aucun doute sur le fait que les régimes français ne sont pas concernés par les deux directives sur l’assurance.
Christian Poucet et Daniel Pistre, deux Français qui s’étaient estimés libres de choisir leur assureur, l’ont appris à leur dépens dès 1993. 
La cour de Luxembourg a jugé que leur démarche était illégale : l’arrêt Poucet et Pistre précise que "le droit communautaire ne porte pas atteinte à la compétence des États membres pour aménager leurs systèmes de sécurité sociale".

Une jurisprudence constante

En 1995, saisie d’une affaire similaire, la même Cour enfonçait le clou dans l’arrêt García :
"L’article 2, paragraphe 2, de la directive 92/49 doit être interprété en ce sens que des régimes de sécurité sociale, tels que ceux en cause dans les affaires au principal, sont exclus du champ d’application de la directive 92/49".
Chaque fois que la question du monopole a été posée à la Cour de Luxembourg, celle-ci a confirmé la liberté des États membres d’organiser leur système de protection sociale comme ils le souhaitent.
L’arrêt du 3 octobre de la CJUE n’a en rien modifié cette jurisprudence. Il stipule simplement qu’un régime allemand, qui avait diffusé des informations trompeuses à ses assurés, était pour cela condamnable au titre de la directive 2005/29/CE relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises.
Le droit européen considère donc que les caisses de sécurité sociale n’ont pas le droit de recourir à des pratiques commerciales déloyales.
Mais, comme l’explique l’avocat Rémy Philippot sur Juritravail.com, cette décision ne dit rien sur le caractère concurrentiel ou non des activités de la Sécurité sociale, et ne change rien à leur exclusion du champ d’application des directives 92/49/CEE et 92/96/CEE.
Le monopole de la sécurité sociale n’a donc pas sauté.

Des poursuites pénales !

La direction de la Sécurité sociale ne donne pas de chiffres concernant l’ampleur du mouvement de "libération", mais rappelle que des poursuites pénales peuvent être engagées contre quiconque refuse de cotiser à un régime obligatoire de sécurité sociale.
Ceux qui aident ou incitent les assurés à se désaffilier, ou ceux qui proposent des contrat concurrençant des prestations entrant dans le champ de compétences de la sécurité sociale sont également passibles de poursuites.
Pour échapper à la justice, les "libérés" de la Sécu n’ont donc pas encore trouvé de meilleure solution que de se rendre insaisissables. 
Ils transfèrent leurs comptes à l’étranger ou utilisent celui de leur conjoint, comme l’a fait le blogueur Laurent C. qui a décidé de sortir de la Sécu en janvier 2013 et qui relate son combat contre l’hydre étatique dans une chronique très suivie par les convaincus.

Source :
http://rue89.nouvelobs.com/2013/12/01/non-securite-sociale-nest-devenue-facultative-247995

Pas fin monopole de la Sécurité Sociale !

Une légende tenace : la fin du monopole de la sécurité sociale !




NDLR : Depuis des années un mouvement annonce la fin du monopole de la sécurité sociale en interprétant certaines directives européennes (Voir article suivant) !
Voici une mise au point d'un juriste expérimenté !

Retour au pays merveilleux des bobards.
Ils ne se fatiguent pas...
Le combat des (ultra)libéraux contre la sécurité sociale continue. 
On a beau leur expliquer que le droit est contre eux et qu'ils s'exposent à de lourdes sanctions s'ils refusent de payer leurs cotisations pour aller s'assurer ailleurs, ils continuent à crier leur exécration de cette bonne vieille sécu déficitaire et leur croyance quasiment mystique qu'ils ont raison contre tout le monde, c'est à dire contre l'état français, et la Cour de justice de l'Union européenne, entre autres, excusez du peu.

Leur dernière trouvaille, sous l'impulsion de leur inspirateur et héraut de la libéralisation, Claude Reichman, est de proclamer que le monopole de la sécurité sociale est mort depuis un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne, rendu le 3 octobre 2013.
Ce n'est pas la première fois qu'ils croient lire dans les runes, pardon, la jurisprudence de la Cour, le triomphe de leur thèse, à savoir que l'on peut en France quitter la sécurité sociale pour prendre une assurance privée. 
Tels des témoins de Jéhovah qui nous promettent la fin du monde pour demain et sont tout décontenancés quand demain arrive sans que leur prédiction -espoir- se soit réalisée, ils promettent la fin du monopole de la sécurité sociale au fil de décisions de la Cour dont ils font une interprétation tendancieuse et fausse

A chaque fois, piteusement acculés dans les cordes de leur incompétence juridique, ils repartent au combat, persuadés de le gagner...un jour.
Ce n'est pas encore le cas cette fois.
Comme mon abnégation n'a pas de bornes (hum...), je m'attelle à nouveau à ce travail d'Hercule : expliquer à M.Reichman et ses émules pourquoi je dis que le droit est contre eux et pas seulement le droit français, le droit communautaire aussi. 
Hélas, j'ai bien peur qu'ils s'en fichent pas mal tant ces gens sont prêts de leurs sous et réfractaires aux mots de "solidarité", "entraide", "intérêt commun", mais, bon, je m'y mets quand même, puisque, aussi bien, le but de ce blog est de rendre le droit communautaire plus compréhensible (c'est dire si j'ai de l'ambition).

Le 3 octobre 2013, la Cour de justice de l'Union européenne se prononce sur le point de savoir si la directive 2005/29 sur les pratiques commerciales déloyales des professionnels pour tromper les consommateurs est applicable aux caisses d'assurance maladie. 
Dans l'espèce jugée, BKK, une caisse d'assurance maladie du régime légal allemand se voyait reprocher par une association d'avoir donné des informations mensongères aux affiliés en leur faisant croire qu'ils risqueraient des désavantages financiers s'ils changeaient de caisse. 
Est-ce que les règles de la directive 2005/29 qui proscrit de telles pratiques commerciales trompeuses s'imposent à BKK ou est-ce que le fait que celle-ci ait un statut de droit public et assure une mission d'intérêt général la soustrait au champ d'application de la directive ? 
A cette question la Cour répond que la directive est bien applicable à BKK (CJUE, 3 octobre 2013, aff. C-59/12, BKK Mobil Oil Körperschaft des öffentlichen Rechts contre Zentrale zur Bekämpfung unlauteren Wettbewerbs eV).
Le 28 octobre Claude Reichman fait sonner hautbois et résonner musettes dans un article tout en mesure et en nuance intitulé "Monopole de la sécurité sociale, Voici pourquoi la Cour européenne de justice a condamné la France !" qui salue une décision par laquelle "les juges de Luxembourg ont donc décidé d’en finir avec « l’exception française » et de frapper un grand coup".

En effet, écrit le juriste improvisé : "La Cour européenne a donc jugé qu’en dépit de son statut, la caisse allemande devait se voir appliquer la directive 2005/29/CE du 11 mai 2005 « relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le marché intérieur ». 
Ce qui signifie qu’aux termes de cette directive toutes les caisses sociales faisant de l’assurance sont des entreprises et leurs affiliés des consommateurs, donc des clients"
Conclusion sur fond de roulement de tambours : "Le monopole de la sécurité sociale est bien mort. La liberté sociale est désormais la règle".
Où est le rapport entre la décision et cette conclusion ? 
Dans l'obsession de M.Reichman. 
Mais pas dans l'analyse juridique.
Car Claude Reichman se livre à des raccourcis audacieux en écrivant: "Ainsi donc, dans toute l’Union européenne, les caisses sociales faisant de l’assurance sont des entreprises soumises à concurrence et elles ont non pas des assujettis mais des clients. C’est ce que nous affirmons depuis plus de vingt ans, en nous fondant sur les directives de 1992 qui l’indiquent clairement".
Tsss...Raisonnement hâtif (pourtant, "depuis plus de vingt ans" il aurait pu revoir son argumentaire).

D'abord les directives de 1992 n'ont jamais eu pour conséquence de soumettre la sécurité sociale à la concurrence et d'en finir avec le monopole. 
Une jurisprudence constante de la Cour de Justice de l'Union européenne rappelle au contraire régulièrement que ce n'est pas le cas. 
Or, la Cour est la juridiction suprême qui dit le droit applicable en la matière.

Bien sûr une jurisprudence peut changer et évoluer avec le temps. 
Il peut même y avoir un revirement, c'est-à-dire qu'une juridiction adopte une analyse différente, et même contraire à ce qu'elle était jusque là.
Est-ce le cas de la décision du 3 octobre 2014? Certainement pas.

Pour cela il aurait fallu qu'elle dise que :
1 - les états membres ne sont plus libres d'aménager comme ils l'entendent leur système de sécurité sociale, le droit communautaire ayant mis fin à cette compétence exclusive.
2 – les caisses de sécurité sociale sont des entreprises auxquelles s'appliquent les règles du droit de la concurrence résultant des articles 101 et 102 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) qui interdisent les pratiques qui peuvent restreindre la concurrence et l'abus de position dominante, résultant notamment de l'existence d'un monopole.

Or l'arrêt du 3 octobre ne dit rien de semblable. 
Dans cette décision, la Cour se borne à juger que la protection accordée aux consommateurs par les règles de la directive 2005/29 doit leur bénéficier quel que soit le professionnel auquel ils ont affaire. 
Pour que cette protection soit la plus large possible, la Cour considère que dans ce cas précis les caisses d'assurance maladie doivent être assimilées à des professionnels, au sens de la directive, même si elles sont chargées d'une mission d’intérêt général et ont un statut de droit public. 

Mais, comme le précise la Cour elle-même à plusieurs reprises dans l'arrêt, cette interprétation ne concerne que la directive 2005/29 compte tenu de son objectif et de son contexte (les pratiques commerciales déloyales) (ex: points 31 et 36). 
Car, elle est "la seule qui est de nature à assurer le plein effet à la directive sur les pratiques commerciales déloyales" (point 39). 
Et, "En conséquence, la qualification, le statut juridique ainsi que les caractéristiques spécifiques de l’organisme en question au titre du droit national sont dépourvus de pertinence pour les besoins de l’interprétation de ladite directive" (point 26).
Donc, le fait que dans l'affaire jugée le 3 octobre 2013, les caisses de maladie du régime légal d’assurance sociale soient assimilées à des entreprises ou des professionnels n'a pas d'incidence contrairement à ce que prétend M.Reichman sur la légalité du monopole de la sécurité sociale en France. 

Car il s'agit d'une solution circonscrite à l'application de la directive 2005/29.
Le droit communautaire n'a pas cassé le monopole de la sécurité sociale. 
Au contraire : l'article 153 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (qui confère à l'Union européenne une compétence partagée avec les états pour notamment coordonner les prestations versées aux travailleurs migrants), dispose : "Les dispositions arrêtées en vertu du présent article : ne portent pas atteinte à la faculté reconnue aux États membres de définir les principes fondamentaux de leur système de sécurité sociale et ne doivent pas en affecter sensiblement l'équilibre financier !"

Et c'est bien pour cela que la Cour de Justice de l'Union européenne rappelle régulièrement ce principe dans ses arrêts. 
On voit mal comment il pourrait en aller autrement puisque le traité est la norme suprême qui prime sur tout autre texte de droit communautaire (et donc sur une directive), et s'impose au juge qui doit en sanctionner la méconnaissance.
En vertu du traité, seul le droit français pourrait mettre fin au monopole. 
En attendant, tous ceux qui sont tentés de quitter la sécurité sociale pour cotiser auprès d'assurances privées se mettent dans l'illégalité et peuvent être sanctionnés comme l'ont expérimenté certains (voir par exemple, récemment, Cour de cassation, 2ème chambre civile, audience publique du 25/04/2013, n° de pourvoi: 12-1323).

Moi, à la place des imprudents qui écoutent la sirène Reichman, je demanderais à celui-ci de prendre en charge mes frais d'avocat et de justice et même mes redressements de cotisations. 
Puisqu'il est si sûr d'avoir raison, cela ne devrait pas poser de problème.
Domaguil

Source :
http://quoideneufeneurope.hautetfort.com/archive/2014/03/25/une-legende-tenace-la-fin-du-monopole-de-la-securite-sociale-5331858.html